À coups de marches arrière, avant, klaxons (les chauffeurs sont des virtuoses dans ce domaine !), nous réussirons finalement à faire demi-tour pour partir vers le lieu de la cueillette. Genre « sous-préfet aux champs », mais en version moins sympa : altier et martial, le gouverneur passe devant nous, sans un regard, entoure de ses gardes du corps et d’une nuée de photographes et caméramen. Nous comprenons que nous ne sommes là que pour faire de la figuration. Le côté anti-militariste de bon nombre d’entre nous ressort : ça nous ôte toute envie de cueillir la moindre olive ! Le gouverneur, lui, en cueillera … deux sous les flashs … avant de repartir ! Des enfants du village, en tenue de scouts, nous offrent de l’eau et sont tout contents d’être pris en photo. Occupation principale pour quelques-uns d’entre nous : scruter le sol couvert de rognons de silex et d’éclats de taille (le lieu et l’orientation sont parfaits pour une occupation préhistorique). Nous remonterons dans nos taxis avant d’avoir eu le temps de trouver une belle pièce. Nous n’avions qu’une envie : foutre le camp pour aller aider de vrais paysans qui sont réellement menaces par la colonisation israélienne.
Un peu plus loin, toujours sur la commune de Surif, nous nous arrêtons en haut d’une colline : Raed fait dans la pédagogie, il nous invite a repérer les 4 points cardinaux, après quoi il nous demande de lui donner l’orientation de la « route » qui passe en contrebas. Incontestablement, vu qu’il est midi et, qu’à cette heure-là, le soleil nous indique le Sud, cette route, elle, est orientée Est-Ouest. En fait, il ne s’agit pas d’une route ordinaire mais du mur. Contrairement à ce qui se dit dans les médias, ce mur de la honte ne suit pas du tout le tracé Nord-Sud de la ligne verte (ligne d’armistice), il pénètre très profondément dans le territoire palestinien … d’Ouest en Est !